W, ou le souvenir d'enfance - Ch 2 - Perec

I. Les apparences d’un projet autobiographique classique

Jusqu'à ma douzième année

à quatre ans… à six

A treize ans

Plus tard

Il y a sept ans, un soir

plus tard

vers treize ans

entre septembre 1969 et août 1970

Aujourd'hui, quatre ans plus tard

Nombreuses indications temporelles

On observe celles, chronologiques, de l’enfance

Et celles d’un temps plus récent lié à la génèse de l’oeuvre

Variété des références qui propose une chronologie complexe de la démarche autobiographique dans une sorte de dialectique passé/présent

Je n'ai pas de souvenir d'enfance. Jusqu'à ma douzième année à peu près

j'ai perdu mon père …

j'ai passé la guerre…

m’ adoptèrent.
Cette absence d'histoire m'a longtemps rassuré … me protégeaient… etc.

Première personne omniprésente

Soit  autobiographe, soit personnage

Dualité je « narrant » je « narré »

diverses pensions de Villers-de-Lans à Venise

Toponymes précis

Là encore conforme à la présentation du projet

mon histoire (1, 5, 6, 6, 26) + elle

Récurrence du GN adj poss 1°pers + histoire repris par pronom

C’est bien le sujet de l’autobiographie.

j'ai perdu mon père à quatre ans, ma mère à six ; j'ai passé la guerre dans diverses pensions de Villers-de-Lans. En 1945, la sœur de mon père et son mari m adoptèrent.

Passé composé : renvoie à un passé révolu

+ évènements marquants d’une vie : mort parents – pension – guerre - adoption

L’enfance résumée en trois propositions. Bref mais conforme à un début d’autobio…

je me souvins

Je retrouvai plus tard

le chemin que j'ai parcouru, le cheminement de mon histoire et l'histoire de mon cheminement.

Champ lexical de la quête du passé

Démarche autobio.

II. Un projet original

Je n'ai pas de souvenir d'enfance (1, 8)

Cette absence d'histoire

Expressions paradoxales pour débuter une autobiographie

Laisse supposer une problématique originale

mon histoire tient en quelques lignes :…

Renforcement du paradoxe

Après la négation de la première phrase qu’est-ce donc que « mon histoire » ?

mon histoire tient en quelques lignes :

Antithèse mon histoire (une vie=longueur) /quelques lignes (très court)

Eclaircissement : il y a une difficulter à raconter (faire des lignes)

J’ai perdu – guerre – m’adoptèrent

Mots clefs d’un destin tragique donnés sur un ton neutre

La difficulté d’écrire s’explique

Paragraphe 1

Paragraphes 2 et 3

Lignes 12 à 26

Récit « expédié » de l’enfance

Discours explicatif

Retour du récit mais centré autour du projet W

Structure éclairante :

  1. de l’impossibilité de raconter
  2. le pourquoi
  3. le récit de substitution (génèse)

Mon histoire

L’Histoire avec sa grande hache

Une histoire

Evolution des déterminants en relation avec les trois parties précédentes

  1. mon histoire personnelle doulheureuse et indicible
  2. l’Histoire et la guerre qui empêche le souvenir
  3. une histoire ni la première ni la seconde : de substitution

W ne ressemble pas plus à mon fantasme olympique que ce fantasme olympique ne ressemblait à mon enfance.

Chiasme éloquent

Présente W comme un moyen intermédiaire de raconter : on pense au titre : W, ou le souvenir d’enfance. Relation alternative et confondue à la fois.

j'inventai

je réinventai

fantasme

CL de l’imaginaire

Décalage par rapport à la démarche autobio.

Tout ce que j’en savais tient en moins de deux lignes : la vie d’une société exclusivement préoccupée de sport, sur un îlot de la Terre de Feu.

Echo de la ligne 1 « mon histoire tient en quelques lignes »

Confirme la substitution de l’un à l’autre

ce lent déchiffrement

Périphrase pour W

W est bien une tentative de dire et de comprendre

dans le réseau qu'ils tissent comme dans la lecture que j'en fais, je sais que se trouve inscrit et décrit le chemin que j'ai parcouru, le cheminement de mon histoire et l'histoire de mon cheminement.

Relation W/enfance + importance de la lecture

Dernière phrase qui explicite le projet autobiographique

dans le réseau qu'ils tissent comme dans la lecture que j'en fais, je sais que se trouve inscrit et décrit le chemin que j'ai parcouru, le cheminement de mon histoire et l'histoire de mon cheminement.

Inscrit/décrit : connotent une présence réelle

+ répétition du CL du chemin/cheminement

L’importance est dans la démarche même : le récit imaginaire révèle la réalité du percours de Pérec.

III. De la difficulté de raconter

A. une difficulté factuelle

Cette absence d'histoire m'a longtemps rassuré

"Je n'ai pas de souvenirs d'enfance" : je posais cette affirmation avec assurance, avec presque une sorte de défi.

Négation + voc mélioratif

Première défense contre l’indicible : la négation

sa sécheresse objective, son évidence apparente, son innocence, me protégeaient, mais de quoi me protégeaient-elles, sinon précisément de mon histoire vécue, de mon histoire réelle, de mon histoire à moi qui, on peut le supposer, n'était ni sèche, ni objective, ni apparemment évidente, ni évidemment innocente ?

Reprise en opposition des termes :

Sécheresse

Objectivité

Evidence

Innocence deviennent des qualités suffisantes pour adhérer à l’expression

+ verbe protéger répété

Une expression qui fait paravent aux horreurs de l’enfance

sa sécheresse objective, son évidence apparente, son innocence, me protégeaient, mais de quoi me protégeaient-elles, sinon précisément de mon histoire vécue, de mon histoire réelle, de mon histoire à moi qui, on peut le supposer, n'était ni sèche, ni objective, ni apparemment évidente, ni évidemment innocente ?

Accumulation de Gn qui renvoient à cette réalité qu’il ne peut dire

L’insistance à répéter cette formule peu précise confirme l’impossibilité d’aller au-delà…

une autre histoire, la Grande, l'Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps

Jeu sur les déterminants + trait d’humour + énumération brève et neutre

Humour et neutralité du ton tiennent l’horreur à distance tout en explicitant la nature de l’échec à dire

B. une difficulté littéraire

les pièges de l'écriture

périphrase

Décrit métaphoriquement la difficulté de se raconter

Une fois de plus

anaphore

Insiste sur la difficulté

un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu'il craint ou désire le plus : rester caché, être découvert.

Connote la difficulté autobiographique

Pudeur, crainte…

un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu'il craint ou désire le plus : rester caché, être découvert.

Régression+

Négation éloquente

Expression du doute de l’autobiographe

un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu'il craint ou désire le plus : rester caché, être découvert.

Expression double du dilemme

Dilemme autobiographique

lent déchiffrement

Adjectif qui connote la difficulté

Une entreprise longue et difficile