Electre, l'Entracte - Lamento du jardinier, Giraudoux

L'extrait

"C'est cela que c'est, la Tragédie, avec ses incestes, ses parricides: de la pureté, c'est-à-dire en somme de l'innocence." jusqu'à la fin.


INTRODUCTION

Giraudoux, au XX° siècle, avec Anouilh ou Sartre, remet au goût du temps la tragédie. On retrouve beaucoup des principales caractéristiques des tragédies antiques: le sujet, l'époque, la fatalité.. Pourtant se dessine ausi une redéfinition du genre, plus moderne et moins religieuse.
Dans Electre, 1937, Giraudoux invente un entracte atypique qui lui permet de se trouver un porte-parole au sein des personnages. Ainsi, il peut nous donner sa propre définition du tragique.
Nous étudierons les caractéristique inhabituelles de cet entracte puis nous essayerons d'en dégager une définition de la tragédie selon Giraudoux

I- Un entracte atypique

Entracte: n.m. Temps qui sépare un acte du suivant, dans la représentation d'une pièce de théâtre.
(petit ROBERT)

Si vous voulez
Ecoutez... merci
+ nbreux "je/vous"

Enonciation inhabituelle
apostrophe du public

nouvelle forme d'entracte: un personnage évincé du jeu s'adresse au public

Rideau

didascalie fin acte I

le jardinier se trouve dans un espace indéfini inhabituel: devant le rideau et sur la scène

Lamento

lexique de l'opéra, de la musique
= plainte

place le monologue ss le signe du lyrisme + lien à la situation du personnage (évincé)

C'est celà que c'est, la Tragédie,

mise en apposition
redondance "c'est"

ton didactique
valeur de définition:
l'entracte permet à l'auteur de dire sa vision

Je ne sais si vous êtes comme moi
Si vous voulez je lui demande
Mais je vous conseille

apostrophes du public

familiarité, complicité

je

je = jardinier
je = Giraudoux

jardinier: personnage commentateur
jardinier: porte-parole du dramaturge

c'est cela que c'est
c'est-à-dire
voilà pourquoi

expression du didactisme

cours magistral

je suis sûr
c'est tellement inutile
on sent tellement

modalisateurs

volonté de convaincre du jardinier... de Giraudoux...



II- Une définition de la tragédie

tragédie / cruauté
=
pureté / innocence

antithèses

paradoxe

surprend et fait attendre une explication

incestes, parricides = innocence
suicide/espoir
trahison/loyauté
assassinat/tendresse

associations paradoxales
antithèses
le paradoxe est entretenu

surprend encore et finit par choquer:

importance essentielle de ce paradoxe

la pharaonne
le maréchal
le duc

Cléopâtre
l'Aiglon d'E.Rostand
Don Ruy Gomez Hernani Victor Hugo
exemples littéraires de tragédies

tous ces personnages ont marqué par l'intensité de leurs sentiments qui semble justifier ou du moins expliquer en partie le paradoxe: l'intensité conduit "naturellement" au monstrueux

Les dieux peuvent confirmer
il suffit de leur demander
c'est contraire à la bienséance
leur silence=approbation

démonstration en quatre points

invite à la confiance
sorte de "foi" tragique

pureté

connote l'exclusivité (pas de mélange)
connote le beau

un seul sentiment intense et inébranlable (la détermination d'Electre)
beauté de cette exigence malgré la cruauté

innocence

 

antonyme: culpabilité
quelle culpabilité

 

innocence morale sans rapport avec culpabilité des actes!

faire silence
silence

 

insistance: silence de Dieu

 

passion = humain

fatalité = divin

Giraudoux préfère exclure le divin du tragique: le tragique relève des passions, de l'humain et non du divin (diiférence avec Antiquité)

Conclusion

L'entracte est incarné par un personnage mis "hors-jeu" de l'intrigue (cf I,5). Son intervention donne une nouvelle conception à l'entracte. Il apparait comme l'occasion "hors temps et hors espace" de donner la parole à l'auteur qui s'explique. C'est alors un véritable manifeste de la targédie qui est proposé au lecteur/spectateur duquel on retiendra le paradoxe qui place hors les normes l'action tragique, la pureté et l'intensité des sentiments du héros tragique qui le mettent à l'abri de l'immoralité et lui garantissent l'innocence; enfin, le rejet du divin: Giraudoux préfère penser que le tragique est "tout humain" et relève d'une foi non religieuse des grandes passions humaines.