La Chute, Camus
Texte IV (P 145-146)
Explication mise en forme par
Roland GLEIZAL, élève de 1ère S
Introduction.
Un an avant de recevoir le prix Nobel de littérature (1957), Camus, silencieux depuis son conflit de 1952 avec Sartre, raconte dans La Chute raconte l’histoire d’un ancien avocat parisien ayant pris conscience de sa duplicité. Il part à Amsterdam exercer le métier de juge pénitent. Clamence prétend être malade pour : son interlocuteur va chez lui.
Dans un premier temps, on verra la stratégie du juge pénitent puis on élargira sur la question de la duplicité et de la condition humaine.
I . Le métier de Juge-pénitent
J’exerce donc |
Conjonction de coordination |
C’est la fin. Il va révéler sa stratégie. |
D’abord Quand * 2 Alors |
Indications temporelles |
Déroulement chronologique de l’intervention du juge pénitent : un protocole rôdé |
1.Confession publique
Je m’accuse, navigue, adapte, amène, mêle prend, fabrique |
Je + verbe présent + Champ lexical de la manipulation |
Domination de Clamence ; il mène la danse. C’est la mise en abîme avec le « je m’accuse » de manipulation |
Mais attention je ne m’accuse pas grossièrement a grand coup sur la poitrine |
Connecteur logique d’opposition |
Auto-flagellation simpliste inopérante dans ce métier |
Je navigue souplement |
Adverbe qui connote l’habileté |
Manipulation fine et maîtrisée. |
Naviguer |
Métaphore |
Dimension volontaire → il manipule |
Nuances, digressions, j’adapte, j’amène à, je mêle |
Lexique de la manipulation |
La confession poursuit un objectif autre que la simple auto-flagellation |
Avec cela je fabrique un portait qui est celui de tous et personne |
Formule de l’artiste peintre +Antithèse |
1er objectif atteint : chaque personne peu se refléter dans ce miroir. |
2.Le portrait devient miroir
« Tiens, je l’ai rencontré, celui-là ! » « Voilà, hélas !ce que je suis. » |
Discours direct 1 : la prise de csce de l’interlocuteur Discours direct 2 : apitoiement et compassion |
Je = vous Progressivement il y a symbiose entre les interlocuteurs |
Quand le portrait est terminé… voilà hélas ce que je suis |
Ton élégiaque |
Le réquisitoire est terminé. |
On passe du portait au miroir.
De l’auto flagellation, on retourne le miroir et l’interlocuteur voit sa propre image .
Alors, insensiblement je passe du « je » au « nous » |
Evolution pronominale |
du portrait au miroir ; du pénitent au jugement. |
nous sommes dans le même bouillon |
Métaphore péjorative |
Confraternité des hommes dans la duplicité |
Je suis comme eux |
Rapprochement pronominal inversé |
c- du pénitent au juge
Le droit de vous juger |
Jugement |
Je → accuse → vous |
Je m’accuse et ; j’ai le droit de vous juger |
Parallélisme Oxymore |
Stratégie complète Juge pénitent |
Jugé *2 |
Champ lexical du jugement |
Jugement rendu possible par l’évolution de la relation |
Mieux |
Gradation |
De pénitent, Clamence se trouve en position de force |
J’ai cependant une supériorité |
comparatif |
d- passage de relais
Vous juger vous-même. Essayez |
Trnure réfléchie Impératif incitatif |
Il lui propose de le faire (il forme des juges pénitents ; sorte de chaîne) |
J’écouterai |
Futur de promesse |
C’est une chaîne vertueuse |
Clamence cache Camus L’interlocuteur cache le lecteur. |
Transmission du message possible à chaque fois qu’un lecteur lit le livre. |
II. Duplicité et condition humaine
Je prends les traits communs les expériences que nous avons ensemble souffertes, les faiblesses que nous partageons |
Cl de la confraternité |
Proximité des expériences communes, familières… Clamence considère la condition humaine commune à tout le monde, faite de faiblesses cachées. C’est la duplicité. |
Je me tiens devant l’humanité entière |
Hyperbole |
Confrontation possible grâce à la similitude de la condition humaine. Cela suscite la compassion |
Nous |
Première personne du pluriel omniprésence |
Fraternité dans la duplicité |
Fraternité |
Terme ironique |
Fraternité péjorative dans la faute. Fraternité de misère la compassion apporte cette fraternité. |
Je m’accuse Faiblesse Masque Misérable Scandalise |
Champ lexical de l’accusation Champ lexical de la faut |
La faute unit ; c’est le dénominateur commun. |
Je vous provoque A vous juger |
Passage du relais |
Pas de rédemption. Clamence préconise le partage de la faute. Tout le monde est coupable et chacun doit prendre sa part de faute |
Conclusion :
Le dénouement de la chute confirme ce que le reste l’œuvre laissait penser. La fonction de juge pénitent est paradoxale. Elle consiste en fait à révéler à chacun sa culpabilité dans la faute commune. Cette duplicité peut sans doute trouver des résonances dans la vie de Camus dans ces années cinquante mais plus généralement, n’est-elle pas une faute lourdement partagée par l’humanité au XX siècle