"La loreley" d’Apollinaire, Alcools
Introduction Poésie XIX° et XX° - Modernité, inventions... Alcools - 1913 - Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans à élaborer, annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l'auteur. Poème entre tradition (ballade allemande fantastique) et modernité (inventions formelles). D’autres caractérisations possibles :conte (il y avait…), légende (sorcière blonde), chanson populaire (répétitions-refrains), poème lyrique (amour malheureux, plainte)… I.Le personnage : la loreley d’Apollinaire II. l’amour à mort |
I.le personnage : la loreley d’apollinaire
a) une femme belle et aimante
une sorcière blonde sa beauté O belle Loreley aux yeux pleins de pierreries |
Description physique limitée : cheveux, regard, beauté |
L’essentiel est dit : une femme belle au regard captivant |
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Mon amant est parti pour un pays lointain | Adj. Possessif singulier | Distingue un seul homme : la Loreley est une femme amoureuse | |
Mon amant est parti pour un pays lointain | Passé composé : révolu | Rupture amoureuse : une femme mal aimée Registre élégiaque |
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Mon cœur me fait si mal 17 – 19 - 20 |
Répétition : Cl amour + adv. Intensité + Cl souffrance |
b) une femme aux pouvoirs surnaturels en relation avec les éléments
yeux |
Répété de nbreuses fois |
Importance du regard (siège des sentiments + instrument du charme) |
Pierreries, flammes |
Cl de l’éclat mais opposition froid(pierre)/chaud |
L’éclat du regard qui fascine et violence des contrastes |
Je flambe dans ces flammes |
Parole au discours direct de l’évêque + reprise du thème |
Danger que représente ce regard (même pour un évêque) |
Blonde (v1), cheveux de soleil (v38) |
Evocation solaire ouvre et clôt le poème |
Personnage solaire + rapport à un premier élément : le feu |
Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés |
métaphore: rapport cheveux/vent |
Deuxième élément : l‘air Affinité de la Loreley avec les éléments |
Ses yeux brillaient comme des astres |
Relation cosmique |
Rapport étendu au cosmos |
Ses yeux couleur de Rhin |
métaphore: raopport yeux/Rhin |
Nvel élément : l’eau |
c) une femme ambivalante
sorcière |
Terme clef : humaine quoique possédant des pouvoirs |
La Loreley d’A. reste une femme aimable et aimante magré son pouvoir fascinant |
Devant son tribunal l'évêque Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances |
Un évêque qui juge +Des sorcières qu’on brûle +Des chevaliers en armes = contexte médiéval |
Le pers. de Loreley est inscrit ds une période : le M.A. |
sorcière blonde |
Oxymore (angélisme/diabolisme) |
Un personnage ambivalant |
Elle laissait mourir d’amour |
Tournure qui traduit la passivité |
Responsabilité de la sorcière relativisée |
Ceux qui m’ont regardée |
Loreley = complément d’objet Ceux qui = sujets |
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Jetez, jetez aux flammes cette sorcellerie |
Parole au discours direct de Loreley + double injonction |
Première à condamner son mal en appelant la mort |
Adj. Démonstratif |
Distanciation, dédoublement ; elle se regarde avec horreur |
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Mes yeux sont maudits |
Verbe d’état + malédiction |
Elle est une victime de ses charmes |
Priez plutôt pour moi |
Impératif ; injonction de prier |
Une sorcière atypique |
Un personnage revisité par Apollinaire : plus humaine que l’originale, femme aimante et malheureuse en amour dont le « pouvoir » semble subi plutôt que véritablement exercé. Sa morale est sauve : elle réclame le châtiment et la prière.
II. l’amour à mort
a) La mort unique dénouement
laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde |
Tournure hyperbolique (pluriels) + expression populaire |
La mort est d’emblée associée au pers. |
laissait
mourir |
Verves mourir et périr X 6 |
Omniprésence du thème |
Menez
jusqu'au couvent |
Impératif : ordre et futur de certirude + CL du couvent |
La décision qui va précipiter Loreley dans la mort (enfermement incompatible avec cet être d’air de feu et de cosmos) |
Va t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants |
Dislocation du nom + sonorités [l-r-f-l-v-l] |
Fluidité qui fait penser au vertige de la déraison : diagnostic = amour fou |
b)le sens du dénouement
Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient |
4 vers à la première personne = Loreley |
Changement de point de vue : est-ce une hallucination de la folie amoureuse ? |
Si
je me regardais il faudrait que j'en meure (v.20) |
Relation de causalité si…alors Intentionnalité du « pour » |
Une mort délibérée : suicide ? |
Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient |
Relation amant/Rhin |
Et si, telle une ondine, son amant était le Rhin lui-même ? |
Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley |
Expression de la cause |
Autre explication : victime de son propre charme ? |
Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient |
Sonorités apaisées [on] [an] [ou] Relarion de causalité implicite |
Folie du désespoir : interprétation plus humaine : la mort est la seule issue et le seul apaisement à cet amour qui rend fou (c’est l’amour à mort) |
Conclusion
Poème original qui revisite une légende allemande. Le surnaturel est présent mais relativisé par le rôle symbolique de la « sorcière blonde » qui incarne pour Apollinaire un être plus humain, une femme qui aime à la folie et qui en meurt. Ce personnage malheureux et fascinant trouve dans la série des Rhénanes de nombreux échos avec l’état amoureux du poète à l’époque.